Maison Coquard-Thomas : le cognac à la conquête du temps présent.

Bousculer le statu quo, casser les codes, offrir une expérience de dégustation festive et détendue sans céder à la facilité : telles sont les ambitions affichées par la Maison Coquard-Thomas. Un pari risqué, mais est-il réussi ?

Claire et moi nous sommes rencontrés dans le cadre d’une formation en spiritueux en 2018. Lancer une marque de cognac est un pari risqué mais force est de constater que ce pari est en passe d’être remporté : non seulement la marque a tenu bon malgré une actualité française et mondiale compliquée mais elle en ressort même plus lourde de quelques belles médailles. Dès lors, après avoir précédemment dressé le portrait du cognac, Maison Coquard-Thomas semblait être la candidate tout désignée pour inaugurer les focus marques de Monsieur Baco…

Le présent article s’articule comme suit : en premier lieu, Monsieur Baco donne la parole au producteur dans un entretien allongé. Ensuite, les cuvées et leur fiche technique sont passées au crible de la dégustation. Enfin, une synthèse reprend comme toujours les points principaux à retenir.

Entretien

Peux-tu te présenter et résumer ton parcours jusqu’à la création de MCT Spirits ?

Je suis née il y a un peu plus de 40 ans dans le Beaujolais entre un cep et une barrique dans une famille de viticulteurs, producteurs indépendants et parfois coopérateurs. J’ai un papa, œnologue de formation, qui a beaucoup voyagé et qui nous a toujours ramené de ses nombreux voyages des vins que l’on dégustait lors des déjeuners dominicaux et de là est né mon intérêt pour la dégustation. J’ai un frère ainé « winemaker » qui fait du vin et des spiritueux aux Etats-Unis et mon frère jumeau est consultant-œnologue à Dijon et accompagne des domaines. Moi, dans ma carrière professionnelle, j’ai débuté dans le vin, aux Etats-Unis et en Allemagne puis j’ai travaillé 7 ans à Bordeaux ou j’ai rencontré mon mari, Olivier, un Charentais-Maritime fils de viticulteur. On n’a pas fait ce cognac tout de suite mais avec mon beau-frère qui a repris les 27 hectares de vignes à la suite de mon beau-père, mon mari hyper intéressé aussi par ce produit super noble, on s’est dit à un moment que nous avions de l’or dans les chais et qu’il fallait en faire quelque chose. Aller diluer notre identité, la qualité du travail pour qu’il soit vendu en vrac aux grandes maisons, c’est super honorable mais c’est un peu dommage également car on perd l’ADN de notre produit. On contribue à la notoriété du cognac marque-étalon, plus de 3mds d’euros dans le monde en revanche on n’en tire aucun bénéfice.

Du coup, MCT Spirits qu’est-ce que c’est exactement ? Vous êtes un cognac de producteur, vous vendez encore au négoce ou bien vous gardez tout pour vous ?

Aujourd’hui on vend en grande partie encore au négoce car il y a des contrats qui sont passés auprès de grandes maisons qu’il faut honorer et c’est dans la part du marché libre qu’on va isoler des lots, faire nos assemblages au sein de notre chai. Du coup ça nous permet d’aller chercher ce qu’il reste en sachant que la qualité de ce qui est distillé est top et que l’on va pouvoir faire quelque chose qui nous ressemble.

Qui est MCT Spirits exactement ?

MCT Spirits c’est Olivier, mon mari, et moi-même. J’achète à mon beau-frère comme une maison de négoce achèterait en vrac. On pourrait imaginer que demain, je pourrais aller sourcer un autre cognac ailleurs mais ce ne serait plus du Coquard-Thomas et dans ce cas-là on l’appellerait autrement. Aujourd’hui le cognac embouteillé MCT est 100% familial.

Claire Coquard-Thomas VSOP
Claire Coquard-Thomas, fondatrice de MCT Spirits

Donc sur le papier c’est un cognac de négoce mais dans les faits c’est un cognac de producteur.

Complètement, en fait, on s’est dit : chacun son métier. Mon beau-frère est viticulteur, sa valeur ajoutée c’est son travail de la vigne, de la maîtrise de ses 27 hectares de vignes dans une démarche propre en Haute Valeur Environnementale jusqu’au vieillissement. Moi, j’arrive avec une valeur ajoutée dans le développement de la marque en maîtrisant la partie commerciale, marketing, communication et en dialoguant avec l’épicier, le caviste, les différents intervenants. C’est une bonne synergie de compétences.

Y a-t-il des particularités dans le terroir ou le processus de fabrication qui sont propres à MCT ?

Oui, on revendique d’avoir 27 hectares sur un cru unique : Bons Bois. Mais j’ai toujours entendu mes beaux-parents dire « on vendange la Champagne ». La Champagne, ce sont ces gros galets calcaires que l’on trouve dans les vignes qui sont plutôt présents au cœur du Cognac sur les crus de Grande Champagne et Petite Champagne. On a cette distance par rapport à ce découpage administratif mais géographiquement, nos sols sont identiques à ce terroir plutôt calcaire et peu argileux et nous avons en plus une influence de l’océan. Le cru Bons Bois confère une capacité de vieillissement plus rapide et nous permet d’avoir des cognacs plus matures plus rapidement. On va avoir ce profil aromatique plutôt rond et peu porté sur l’alcool.

Vignes de la Maison Coquard-Thomas
27 hectares de vignes HVE en cru Bons Bois. Sols argilo-calcaires.

Vous distillez vos cognacs vous-mêmes ?

Nous faisons appel à une distillerie indépendante. Depuis que mon beau-père avait repris l’exploitation en 1988, les cognacs sont distillés dans la même distillerie. Cela permet d’assurer une continuité et ça nous rassure car quand on présente nos eaux-de-vie aux grandes maisons, le distillat est régulier et en accord avec leurs critères. Bien sûr, le millésime a un impact sur le résultat. Le cognac par rapport à d’autres alcools est un alcool vivant à la base. Le distillateur connaît son travail. Donc encore une fois chacun son métier.

Faut-il être kamikaze pour lancer une marque de cognac aujourd’hui ?

Ouais, il faut être un peu taré en effet (rires)…mais il faut surtout être passionné. Il y a forcément une prise de risque : aujourd’hui on arrive comme des électrons libres dans un monde du cognac qui n’est tiré que par les marques. N’importe où dans le monde les gens achètent du Hennessy, du Rémy mais pas du cognac. En fait, ils achèteraient n’importe quel brandy. Donc voilà, il y a ces deux écosystèmes avec The Big Five (Henessy, Rémy Martin, Martell, Courvoisier, Camus) et tous les autres qu’on voit moins. Comment sortir du lot ? Nous on a choisi de casser un peu les codes avec un packaging plutôt moderne et en mettant en avant ce cru unique. C’est la distribution qui fera la différence. On veut aussi aller vers une clientèle de curieux plus que de connaisseurs car le marché français a besoin de cette reconquête-là : se réapproprier les cavistes, les bars à cocktails… On est un peu lassés de voir la même chose partout. Tous les cognacs sont bons. Après ils sont chacun à nos goûts, c’est une belle famille et un beau produit mais au sein de ces standards, il faut pouvoir sortir des sentiers battus.

Mais en même temps, n’est-ce pas un peu comme en Champagne où les grandes maisons, qui produisent souvent des champagnes standardisés et assez convenus tirent, par leur image et le prestige revendiqué toute la filière vers le haut en faisant rayonner le produit mondialement ?

Ils portent la France. Le cognac, avec plus de 3mds d’euros de CA, est le meilleur ambassadeur de la France dans le monde. Forcément, ces maisons portent la marque « cognac » et permettent aussi de poser une sorte de standard, de référence. Aujourd’hui, sans se comparer à Pierre ou à Paul, il faut pouvoir offrir plus de diversité. Le consommateur, où qu’il soit dans le monde et de surcroit avec ce qu’il vit depuis plus d’un an, a besoin d’authenticité, d’une histoire, de quelque chose qui va le faire voyager et qui fait un peu sortir de sa zone de confort. Mais c’est challenging, très challenging.

C’est justement la raison d’être de Monsieur Baco : faire rayonner les petites maisons.

Je préfère qu’on parle de « jolies » maisons (rires).

Quelles sont les principales difficultés que tu as rencontrées depuis le début du lancement de la marque jusqu’à aujourd’hui ?

Sans langue de bois, aujourd’hui c’est le financement et la trésorerie. Le cognac, ça reste un produit de luxe, haut de gamme, avec positionnement premium donc tout coûte cher. Financer un stock et payer des droits d’accises quand tu vends des bouteilles c’est un énorme frein. Je pense que le marché français a été laissé de côté parce que l’on paye quand-même 6,60€ par bouteille, de façon incompressible. Donc sur un produit d’entrée de gamme, forcément, direct, ça impacte le prix de vente. Les rotations sont moins importantes que pour le vin car tu consommes moins de cognac que de vin et pourtant tu payes beaucoup plus cher ta taxe. Les autres difficultés sont de se faire connaître, de trouver une distribution, de pouvoir financer tout ça. Aujourd’hui, il faut avoir les reins solides, clairement.

Comment ça fonctionne pour vous niveau distribution ?

C’est beaucoup de bouche à oreille donc j’ai plusieurs points de vente de ci-de là. C’est surtout moi qui suis à l’origine de cette prospection active. On a un accompagnement sur le grand export, notamment sur la zone Asie du sud-est dont l’Inde avec des équipes qui sont basées sur place. Pour l’instant nous n’avons rien pu concrétiser mais quand ça redémarrera nous serons prêts à faire feu pour aller sur des marchés émergents où la population connaît le cognac, sait que Hennessy et les grandes maisons existent mais sans qu’elles représentent l’alpha et l’oméga. Donc on peut représenter une alternative un peu sympa et de surcroit, quand tu es représenté par des locaux, c’est déjà quasiment acquis. Moi toute seule, petite blondinette, si je débarque au Sri Lanka ou en Malaisie, les gens me prendraient pour une folle. La conjoncture n’a pas aidé non plus, on ne pouvait pas imaginer que l’on aurait ET le mouvement des gilets jaunes sur la France ET une pandémie mondiale ET les taxes de Donald Trump. Heureusement, Joe Biden est plutôt dans une phase d’ouverture et de réconciliation, il a levé le pied et tant mieux. Avant les taxes de Trump, tout le monde s’est chargé à bloc, après il y a eu le covid, il ne s’est plus rien passé, les gens n’ont pas consommé, du coup les stocks sont pleins car les gens n’ont pas pu aller dans les bars. Donc là c’est compliqué, depuis un an et demi, il faut clairement avoir les reins solides. Il faut aussi anticiper et sur 2021 on s’est dit qu’il nous fallait des concours, des médailles, une reconnaissance pour gagner en notoriété. On a eu quelques bons référencements comme La Table de Gaya de Pierre Gagnaire ainsi que de jolis cavistes et bars à cocktails. Donc on crée notre distribution qui est validée par la qualité de nos cognacs qui ont été primés.

Comment obtient-on des médailles et qu’est-ce que ça signifie pour toi ?

On a présenté 2 cognacs au Concours International de Lyon (VSOP et XO). Ce sont des échantillons envoyés, dégustés à l’aveugle sans signe distinctif sinon un code. On a obtenu l’or sur XO et argent sur le VSOP. Les commentaires de dégustation nous permettent aussi de savoir comment nos cognacs sont reçus, sur quels critères ils sont jugés et comment on se place par rapport à la concurrence. Pour moi Lyon c’est la gastronomie, ce sont les arts de la table, c’est coincé entre les côtes du Rhône et la Bourgogne donc c’est vraiment une belle reconnaissance. On a eu Francfort aussi avec une super belle médaille d’or sur le XO qui a eu 19,33/20 et des commentaires de dégustation en accord avec ceux de Lyon. Francfort c’est l’Allemagne, c’est le pays fort de l’Europe. Enfin sur le mois de mai, au Bartender Spirits Awards à San Francisco, on a présenté le VS et le VSOP qui sont des cognacs plutôt associés aux cocktails. Et on a eu 2 médailles d’or avec des commentaires orientés cocktails ce qui est intéressant.

Médailles cognacs Maison Coquard-Thomas
3 cuvées, des médailles à 3 concours.

Des médailles sur 3 marchés différents ça commence à faire une vraie validation.

Ça nous rassure et ça légitime le travail qu’on fait de la vigne au chai en passant par la distillation et l’assemblage. La particularité du XO est que c’est un single cask, il n’y a pas d’assemblage. Nous avons fait ce choix de ne pas le mélanger avec d’autres barriques dans le chai car on le trouvait top.

Donc d’un lot à l’autre, le goût changera potentiellement.

Tout à fait. Ça revient à ce que l’on disait plus tôt. Quand tu achètes un VS d’une grande maison, tu auras à quelques exceptions près le même partout dans le monde aujourd’hui et demain. C’est un peu comme Mouton Cadet, c’est propre, c’est bien fait, ce n’est pas décevant, mais on peut goûter plus excitant. Donc quand on aura vendu nos 800 et quelques bouteilles, il n’y en aura plus, on en fera un autre, ce sera différent et tant mieux.

Tu sembles axer ton développement autour du cocktail et de la gastronomie, est-ce que ce sont tes relais de croissance de prédilection ?

Oui, je pense qu’il faut pouvoir offrir aux gens une belle expérience de dégustation. Quand le barman va dire « je te fais un cognac tonic avec ce cognac plutôt que celui-là » ou que le sommelier autour d’une table va proposer tel cognac plutôt qu’un autre, cela va amener un questionnement, une interrogation, une différence : et pourquoi celui-là ? La différenciation est d’autant plus importante dans le milieu de la gastronomie.

MCT Cognac X La Table de Gaya
Les cognacs Maison Coquard-Thomas sont mis à l’honneur au restaurant Gaya – Pierre Gagnaire de l’hôtel La Grande Terrasse à Châtelaillon-Plage (17)

Quels sont tes principaux marchés aujourd’hui ?

Aujourd’hui la distribution reste embryonnaire, en croissance, en développement avec beaucoup de choses à construire. Elle sera de toute façon sélective donc croix barrée sur la grande distribution. Il nous faut quelqu’un qui ait compris le concept et le produit, qui sache en parler pour mieux le vendre et le porter. C’est forcément un lieu avec du conseil et une recommandation. Donc distribution haut de gamme, Relais et Château par exemple. A l’export on va viser cette même distribution avec le cocktail et la mixologie en priorité aux Etats-Unis. Nos cognacs sont particulièrement fruités et s’accordent super bien même si nous n’avons pas voulu jouer sur des degrés d’alcool élevés. Moi-même je suis consommatrice et je n’ai pas envie de me taper un truc à 60°. Nous avons fait des cognacs qui nous ressemblent, entre deux temps et deux époques. A terme, j’aimerais que la distribution soit plus à l’export pour porter cette différence dont on parle et offrir autre chose. Donc un 70% étranger 30% France, ce serait pas mal.

Quelles sont tes perspectives de croissance ou tes projets en développement ? Quel est le futur de MCT ?

Le futur déjà c’est de durer, on n’a pas fait tout ça pour rien ! On peut imaginer des cuvées spéciales, peut-être des conditionnements différents, passer sur de plus petites bouteilles par exemple. Faire des partenariats avec d’autres marques pour allier l’utile et l’agréable. En tout cas on veut rester sur des cognacs, garder cette indépendance et cette autonomie. Il faut que ça paye.

Et le pineau des Charentes ?

On en fait pour notre consommation personnelle mais ce n’est pas trop à l’ordre du jour.

Quels sont les changements et les tendances que tu observes dans le monde du cognac et des spiritueux français en ce moment ? Des dynamiques particulières ?

Oui, tout à fait, j’ai observé une percée très forte des no-alc ou low-alc donc des boissons sans alcool ou faiblement alcoolisées. C’est un peu l’effet covid où les gens ne pouvaient plus sortir et se sont dit « l’alcool c’est avec modération ». Comment je peux me faire plaisir en ayant quasiment le goût mais sans les méfaits de l’alcool ? Je sens qu’il y a une grosse dynamique du développement de ces boissons-là. C’est aussi pour cela que nous sommes restés sur 40° d’alcool donc on reste assez classique mais c’est une consommation qui passe vraiment par le cocktail. Il y a un vrai renouveau là-dessus ou alors c’est moi qui accède à cette tranche d’âge où je me dis « tiens ça peut être sympa » alors qu’avant on n’y accède pas parce qu’on n’a pas forcément les moyens ou que l’on ne connait pas. Je pense qu’on rattrape le retard qu’on a sur les Etats-Unis ou les pays scandinaves.

Est-ce qu’être une femme dans le milieu du cognac cela signifie quelque chose de particulier ? Est-ce parfois plus compliqué ou au contraire une force ? Comment le vis-tu ?

Alors je le vis très bien et je n’en fais pas un cas. Je n’ai jamais reçu quelque commentaire que ce soit. Je pense que dès l’instant où on arrive avec un produit qui est légitime, où tu es audacieuse sans être arrogante, où tu es à l’écoute des conseils que l’on peut de donner ce n’est pas un sujet. Autant sur le vin, je suis un peu calée, autant pour les spiritueux c’était un peu une découverte. Pour moi il n’y a pas de sujet, en revanche ce que je trouve chouette, c’est cette solidarité fédératrice de réseau de femmes viticultrices qui produisent des spiritueux et qui sont toutes prêtes « comme un seul homme » à venir t’aider et t’accompagner et qui font porter haut la voix de leur production car quand bien même ton produit est hyper classique et rentre dans tous les codes, ça reste un produit fait par une femme et en ça, il est différent.

Y a-t-il des marques ou des maisons que tu admires et que tu voudrais recommander.

Oui bien sûr, il y a des filles qui font des trucs top, notamment Fanny Fougerat avec son positionnement de cognacs d’auteur, c’est complètement atypique et on a besoin d’avoir ce type d’offre. Dans les tonics il y a Artonic qui s’est lancé il n’y a pas longtemps. Alors là c’est clair que je cible plutôt des marques de femmes car elles m’ont aussi touchée dans leur expérience. Certaines font ça depuis toujours, ont hérité d’un domaine familial et n’ont connu que ce milieu-là. Pour elles c’est forcément plus facile, mais pour autant, elles ont aussi à porter le poids de l’histoire et de cet héritage. J’aime beaucoup ce que font les Pasquet aussi car c’est hyper authentique et que en même temps, il y a cette touche de modernité et de dynamisme. Il y a aussi ARS Spirits avec leurs marques Madame Vodka et Monsieur Gin notamment.

Quelle est la musique que tu associerais à chacune de tes cuvées ?

Le VS, super spontanément, je dirais Amy Winehouse car on a eu l’occasion de la voir au Cognac Blues Passion et qu’on était avec Olivier en train de se boire un VS de je ne sais plus quelle maison. C’est lié à cette ambiance et le VS est comme ça, un peu alternatif. Le XO je le verrais plus sur un Lully ou un Haendel car j’ai des penchants très baroques. Pour le VSOP on est un peu entre les deux, je verrais bien Mika par exemple. En tout cas, pour moi, ces cognacs sont vraiment associés à la fête et des instants de convivialité que tu partages avec des gens sympas, avec qui tu as envie d’être et qui ne sont pas prise de tête.

Tes cognacs ne sont ni sucrés ni colorés ?

Alors le XO est un petit peu sucré et c’est complètement assumé. C’est en cela que c’est un cognac personnel car je voulais quelque chose d’un peu arrondi même si je peux aimer des choses très amères. Je ne sais pas quoi, mais dans ce produit-là, je trouvais qu’il manquait un truc et que le sucre y répondait. Le VS et le VSOP sont natures.

Chais de Maison Coquard-Thomas
Les chais de Maison Coquard-Thomas

Fiches techniques & Notes de dégustation

Les échantillons ont été gracieusement fournis au format mignonnettes par la marque. Les dégustations ont été réalisées en deux temps : tout d’abord, une première évaluation olfactive a été réalisée. Les eaux-de-vie ont ensuite été aérées environ 2h avant une seconde évaluation olfactive et gustative. Le même verre tulipe a été utilisé pour les trois dégustations.

Informations relatives aux trois cuvées :

  • Cru : Bons Bois
  • Conduite du domaine : HVE
  • Cépages : ugni blanc,folle blanche, follignan
  • Terroir : argilo-calcaire, dominante calcaire.
  • Type de fûts : neufs/recyclés.
  • Type de chai : tempéré
  • TAV en sortie d’alambic : 68°

Vous pouvez retrouver les cognacs de la marque dans les endroits suivants : la Cognathèque (en boutique et en ligne), les Clés de la cave (Vallet, 44), Retour de vignes (La Rochelle, 17), Cash Vin (Libourne, 33), Gaya – Pierre Gagnaire (hôtel La Grande Terrasse à Châtelaillon-Plage, 17), l’Insolite (Saint-Martin-de-Ré, 17), Chez Ré Monde (Rivedoux, 17), la Brasserie du Stade Toulousain (Toulouse, 31), bar à cocktails le Marylili (La Rochelle, 17)…


VS

VS - MCT Spirits

  • Nombre de bouteilles : 1200
  • Âge indicatif : 2/4 ans
  • TAV : 40°
  • Sucre : non
  • Colorant : non
  • Prix indicatif : 30€
  • La suggestion cocktail de Claire : 1 vol de cognac pour 4 vol de jus de pomme artisanal.

Couleur : or, miel d’acacias.

Nez : vif à l’ouverture, floral (pissenlit), fruité (reines-claudes, pêches jaunes, raisin frais). Quelques notes de cire d’abeille, de miel de bruyère sont complétées par des touches de poivre blanc et de chèvrefeuille. Avec l’aération (2 heures environ), le profil se fait plus épicé et quelques touches anisées apparaissent.

Bouche : l’attaque est ronde et chaleureuse. On y décerne des notes d’épices (curcuma, muscade), de pollen, de miel de châtaigne et des touches fruitées (mirabelle).

Finale : la finale est sèche et chaleureuse et d’une belle tenue. Le verre vide dégage aussitôt des notes herbacées (origan).


VSOP

VSOP - MCT Spirits

  • Nombre de bouteilles : 800
  • Âge indicatif : 5/8 ans
  • TAV : 40,2°
  • Sucre : non
  • Colorant : non
  • Prix indicatif : 45€
  • La suggestion cocktail de Claire : VSOP + jus de mangue + tonic = succès assuré!

Couleur : ambre.

Nez : à l’ouverture, un boisé fin se fait sentir mais cède rapidement la place à une vague de fraîcheur persistante sur le fruit (abricot, pastèque, pêche blanche) et florales (fleurs coupées, iris, tilleul). Après une aération (environ 2h), le profil aromatique se fait plus épicé sur le poivre blanc, du clou de girofle et le boisé du début fait son retour, accompagné par des touches de chocolat au lait et de prune.

Bouche : l’attaque en bouche est modérée. On y trouve un fruit plus sec (abricot sec, touches de noix), de l’épice (noix de muscade, clou de girofle toujours) et un côté légèrement pâtissier (quatre quart, pâte de fruit).

Finale : la finale est fruitée et épicée (moins sèche que le VS) et de longueur moyenne. Du verre vide se dégagent des notes d’estragon et de bois d’Inde.


XO

XO - MCT Spirits

  • Nombre de bouteilles : 800
  • Fût unique!
  • Âge indicatif : 11 ans
  • TAV : 40°
  • Sucre : oui
  • Colorant : non
  • Prix indicatif : 90€

Couleur : roux, aquilain.

Nez : à l’ouverture, on entre dans une autre dimension. Les épices (cannelle, gingembre, avec quelques touches de safran et de cardamome), la fraîcheur (sève de pin) et la gourmandise (pain d’épices, cacao, thé de Nöel) se mélangent dans un maelström entêtant. Le second nez laisse place à des effluves d’antiquités (vieux meubles, cuir), de fruits secs (noix de pécan, pecan pie sortie du four) et de fruits (prune rouge mûre, figue, touche d’amande).

Bouche : l’attaque est ronde et chocolatée. Des notes d’épices douces (cardamome, anis), de fruits secs se font sentir.

Finale : assez salivante, presque saline et d’une belle longueur sous-tendue par un fin rancio. Le verre vide laisse immédiatement échapper quelques dernières effluves de vieux livre, de confiture de prune, de vanille et de papier d’Arménie.

Observations

De mon point de vue, les trois cuvées sont parfaitement cohérentes avec le positionnement de la maison : des eaux-de-vie qui font preuve de personnalité tout en se prêtant à une dégustation détendue. Le VS est vif, complet et s’illustre par une belle persistance. Le XO est moins mordant, plus rond, gourmand et complexe tandis que le VSOP, un peu entre les deux se fait plus discret mais témoigne d’une fraîcheur assez surprenante. Il manquera aux puristes quelques degrés d’alcool mais les amateurs éclairés en auront pour leur argent avec des cognacs indépendants de caractère, d’une belle buvabilité et au prix juste. Un pari somme toute réussi pour Maison Coquard Thomas!

Ce qu’il faut retenir

Maison Coquard-Thomas est une maison de cognac familiale fondée en 2018. Les eaux-de-vie sont obtenues à partir de trois cépages : ugni blanc, folle blanche et follignan cultivés sur un cru unique en Bons Bois dont les sols argilo-calcaires rappellent ceux de Grande et Petite Champagne. Les trois cuvées ont été distinguées lors de plusieurs concours (Lyon, Francfort, San Francisco). Seul le XO est légèrement sucré, les VS et VSOP sont embouteillés purs. Le degré d’alcool de 40° confère à ces cognacs confidentiels (seulement 800 bouteilles pour le VSOP et le XO) une belle buvabilité sans rogner sur la complexité. Un beau compromis entre un profil décontracté et l’exigence d’une maison indépendante.

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