Maison historique du Bas-Armagnac, le Château de Lacquy puise ses racines dans le XVIIIème siècle. En véritable maître des lieux, Gilles de Boisséson continue d’écrire les pages d’un domaine qui défie le temps et les modes.
Histoire
Érigé au XVIIIème siècle, le Château de Lacquy est un nom incontournable du Bas-Armagnac. Il appartient en effet depuis 10 générations à la famille de Boisséson ce qui en fait la plus ancienne propriété familiale productrice d’armagnac. Achetée en 1711, elle fût dès l’origine dédiée à la production d’armagnac. Le bâtiment actuel date de 1777 et a été agrémenté de deux ailes en 1910. Dès le dix-huitième siècle, le domaine s’est illustré par la qualité de ses eaux-de-vie distillées à partir de folle blanche. Le domaine maîtrise toute la chaîne de production depuis la culture des vignes jusqu’à l’embouteillage en passant par la distillation maison.
Le terroir
Le domaine s’étend sur 400 hectares et s’inscrit dans la tradition gasconne de la polyculture : les vignes côtoient des plantations de légumes et de céréales. De plus, le parc est majoritairement constitué de chênes et abrite une faune abondante faisant la part belle aux animaux sauvages (cervidés, sangliers, palombes, lièvres…).
Les sols
Situé à 120 mètres d’altitude, tout au nord de l’appellation Bas-Armagnac, le Château de Lacquy jouxte le Parc Naturel Régional des Landes de Gascogne. De fait, les sols sont constitués d’une fine couche argilo-calcaire recouverte d’une grande épaisseur de sables fauves sur 30-40 mètres. Ces sols sont idéals car ils captent l’eau des sources souterraines et irriguent naturellement les vignes.
Le climat
L’influence de l’océan Atlantique se fait ressentir dans le climat océanique humide tempéré qui baigne le domaine. Relativement doux en moyenne, de grandes différences de températures peuvent néanmoins être ressenties en journée l’été lorsque de violents orages se déclarent.
Le vignoble
Sur les 400 hectares du domaine, 25 (bientôt 30) hectares sont dédiés à la vigne dont 18 sont distillés. Le Château de Lacquy cultive à parts égales le baco qui s’épanouit particulièrement sur les sables fauves du Bas-Armagnac, la folle blanche (replantée en 2002) ainsi que le colombard. L’ugni blanc a été cultivé et distillé jusqu’en 2007. Il n’est désormais plus utilisé car les sables fauves ne lui permettent pas de s’exprimer de façon optimale.
La conduite du vignoble s’inscrit dans une démarche très raisonnée : aucun herbicide ni insecticide ne sont utilisés et les intrants sont limités au strict minimum. Le désherbage s’effectue de façon mécanique. Des rangées d’arbres fruitiers sont plantées au milieu des vignes.
La vinification
La vinification est effectuée à froid par cépage et par parcelle afin de garantir une traçabilité. Seules les premières presses sont vinifiées. Les lies fines sont conservées après soutirage.
La distillation
La distillation est conduite grâce à un alambic du fabricant Sier construit en 1939 comprenant 5 plateaux. L’alambic est chauffé au bois et opère des distillations assez lentes. La lenteur de la distillation couplée au long serpentin du condensateur mesurant 90 mètres permet d’obtenir un distillat plutôt délicat. Le TAV en sortie d’alambic est de 52-54°.
Le vieillissement
Les jeunes armagnacs sont placés dans des fûts de chêne de 400-420 litres réalisés exclusivement à partir de chêne pédonculé (quercus robur). À l’inverse du chêne sessile (quercus petraea), le chêne pédonculé présente un grain plus gros qui le rend plus poreux et accélère la prise de tanins et l’oxydation. Un mélange de fûts neufs et vieux avec des niveaux de chauffe variables, permet d’augmenter la palette aromatique des eaux-de-vie en vieillissement.
Le Château de Lacquy possède un chai humide (contenant environ 500 barriques) et deux chais plus secs (contenant environ 140 barriques).
La gamme
Les assemblages
Cette gamme comprend 6 comptes d’âge (3 ans, 7 ans, 12 ans, 17 ans, 21 ans et 30 ans). Les assemblages sont réalisés dans des foudres de 4000 litres avant d’être mis au repos quelques mois dans des vieux fûts de 420 litres pour permettre une meilleure homogénéisation.
Les fûts uniques millésimés
Le Château de Lacquy embouteille de nombreux armagnacs millésimés sans réduction. Embouteillés en fonction de la demande, les armagnacs continuent leur vieillissement jusqu’à ce que la dernière bouteille soit remplie. À partir de 30 ans, certains armagnacs peuvent être placés en dame-jeanne si la prise de bois est jugée trop importante.
La Carafe des Siècles
Créée en 2011 à l’occasion du tricentenaire du domaine, la Carafe des Siècles contient des eaux-de-vie distillées entre 1800 et 1980.
Le marché
La France représente 40% des ventes réparties à part égales entre les professionnels et les particuliers. Les 60% restant sont réalisés à l’international (Angleterre -> Italie -> USA -> Canada -> Japon -> Hong Kong -> Thailande -> Singapour…). Le Château de Lacquy se développe de plus en plus sur les marchés danois, hollandais, espagnol et suisse.
Notes de dégustation
Les échantillons ont été gracieusement fournis par le domaine. Ils ont été dégustés sur une durée de 30 min – 1h dans les mêmes verres tulipe. Le Château de Lacquy n’ajoute aucun édulcorant à ses armagnacs. Les différentes références peuvent être achetées via la boutique en ligne du domaine.
3 ans (100% Baco), 40,5° – 58€
Couleur : ambre.
Nez : s’ouvre sur des notes de crème de châtaigne et d’eucalyptus. Le second plan est marqué par des notes florales de pissenlit, de miel de châtaigne, de riz soufflé, de noix de pécan torréfiées, de praliné noisette. Des notes de racine d’angélique et d’abricots rôtis et de pruneaux complètent l’ensemble à l’arrière-plan. Avec l’aération, des notes de coing et de tilleul se développent.
Bouche : l’attaque est modérée. Le milieu de bouche est rond et expressif avec des notes de violette, de chocolat au lait fourré aux fruits secs (raisins, noisette), de crème brûlée, de tabac blond et une touche de café. La finale est plutôt longue et s’accompagne de légères notes de crème au café.
12 ans (folle blanche, baco et colombard), 43° – 92€
Couleur : ambre.
Nez : s’ouvre sur des notes d’épices douces et de miel de fleurs. Le second plan est marqué par des notes de pollen, de curcuma et de fruits (abricots, ananas, fruit de la passion). Des notes de fleurs séchées complètent l’ensemble à l’arrière-plan. L’aération fait ressortir des notes de fruits secs (amandes légèrement grillées), de mélilot et de fruits confits.
Bouche : l’attaque est modérée. Le milieu de bouche est plutôt sec et présente une trame boisée accompagnée de notes d’amande, de violette et d’abricot sec. La finale est de longueur moyenne, portée par les épices (poivre blanc, muscade, camphre) et une pointe de pamplemousse.
Millésime 2008 – Fût n°13 (100% Folle blanche), 49° – 103€
Couleur : cuivre.
Nez : s’ouvre sur des notes florales de pivoines et d’épices (muscade, girofle). Le second plan est marqué par des notes de bois verni, de camphre, de caramel, de graines de fenouil. Avec l’aération, quelques notes de crème glacée rhum/raisin et de tabac blond se développent. De discrètes notes de jasmin, de tilleul et de chèvrefeuille complètent l’ensemble à l’arrière-plan.
Bouche : l’attaque est modérée. Le milieu de bouche est sec, chaleureux et est marqué par un registre floral (violette) et fruité (pêche de vigne, prune, datte). Quelques notes de noisettes torréfiées et de cacao sont perceptibles à l’arrière-plan. La finale est plutôt longue, portée par des notes de tabac blond, de prune et une touche de réglisse.
Millésime 2001 – fût n°320 (100% baco), 47° – 138€
Couleur : ambre profond.
Nez : plutôt timide au début. S’ouvre sur des notes de bois ciré et de gelée de coing. Le second plan est marqué par des notes de camphre, de fruits noirs (cerise noire, mûre), de pâte d’amande, de foin. Des notes de cèdre et de papier d’Arménie complètent l’ensemble à l’arrière-plan. Avec l’aération, quelques notes de bois de santal, de vanille et d’orangettes font leur apparition.
Bouche : l’attaque est modérée. Le milieu de bouche est concentré et présente des notes de fruits confits, d’épices (vanille, cannelle), de crème brûlée ainsi qu’une touche de réglisse. La finale assez longue sur le poivre blanc, l’eucalyptus accompagnée d’une trame légèrement animale.
Commentaires
Le 3 ans d’âge 100% baco est un magnifique armagnac qui impressionne par son toucher de bouche et sa maturité pour son très jeune âge. Le millésime 2008 (100% folle blanche) met un peu de temps à se livrer mais se révèle élégant après un peu d’ouverture tandis que le 12 ans se montre discipliné et équilibré. Enfin, tout comme le 2008, le millésime 2001 (100% baco) a besoin d’ouverture pour s’affirmer et développer un profil aromatique fin, équilibré ne versant jamais dans l’excès. Les armagnacs millésimés nécessitent un peu plus d’ouverture pour se révéler pleinement.
Ce qu’il faut retenir
Fondé en 1711, le Château de Lacquy est le plus ancien domaine familial producteur de Bas-Armagnac en activité. Situé tout au nord de l’appellation, il tire parti des profonds sables fauves et d’une approche viticole respectueuse de la nature pour faire chanter le baco avec panache, la folle blanche avec élégance et le colombard avec force. Emmenée par un excellent 3 ans d’âge, l’ensemble de la gamme déroule des armagnacs aux profils variés mais toujours fins, frais et équilibrés, le tout sans exubérance. Un style intemporel, pour une maison incontournable.